Informations pratiques

Le mot du principal Rentrée 2023

Par Admin Alain Savary, publié le vendredi 22 septembre 2023 10:37 - Mis à jour le samedi 23 septembre 2023 09:14
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En cette rentrée 2023 au collège A Savary toute l’équipe pédagogique, (les professeurs, les CPE, les assistantes d’éducation, les AESH, la direction) mais aussi les autres personnels (les administratifs et les agents techniques du département) sont soucieux du bien-être personnel, condition de la réussite scolaire, de chaque élève quelles que soient ses difficultés personnelles.

Si certains élèves, parents, personnels peuvent légitimement se sentir plus ou moins angoissés à la rentrée scolaire, sachez que la peur et l’angoisse sont des mécanismes psychologiques nécessaires qui, s’ils ne prennent le dessus sur notre entendement et restent dans des proportions modérées et contrôlables, sont des moteurs de la réussite.

Celles et ceux qui croient n’avoir peur de rien, qui sont trop sur d’elles ou d’eux-mêmes, finissent parfois à devenir indifférents en pensant que la vie ne peut plus les surprendre.

Certes, s'il faut toujours rester lucide, Il y a des raisons d’être inquiets face aux changements climatiques, face à la maladie, face aux aléas et événements de la vie sur lesquels nous n’avons pas toujours moyens d’agir, ou peu de moyens d’agir au niveau individuel. Mais pour autant faut-il baisser les bras et se désespérer ? N'est t-il pas finalement plus raisonnable de choisir un optimisme réaliste et lucide. C'est ce à quoi l'Education Nationale invite les élèves en les aidant à comprendre les réalités du monde, les faits, par des connaissances scientifiques, techniques, historiques, littéraires, et en les encourageant à ne pas avoir peur de prendre des risques.

Quand un élève vit avec cette peur de ne pas trouver sa place, il raisonne à partir de l’individu isolé, en lutte avec les autres. C’est l’état de nature ! S'il voit plus loin que l'objectif du brevet, du bac et des autres diplômes, il comprend alors qu'un examen ou un concours est d’abord un moyen de vivre de nouveaux apprentissages et rencontres qui resteront, même en cas d’échec. Et la compétition même si elle peut-être parfois stimulante pour s’engager dans un projet n’est pas incompatible avec la coopération.

Le collège est lieu de vie qui, pour être agréable à tous, nécessite des règles qui doivent être respectées par tous. Malheureusement, il ne suffit pas d’inscrire une règle dans un texte, ni de la lire régulièrement, pour qu'elle soit respectée. Rien n’empêche de rouler à plus de 130 km heure sur une autoroute où la limitation est rappelée régulièrement par des panneaux ! Les règles n’ont pas la priorité intrinsèque de se faire respecter. C’est leur intériorisation (l’acceptation par chacun de leur bien-fondé dans l’intérêt de tous) qui permet leur effectivité et qui conduit au bien commun. Il n’y a de morale et d’éthique (une vie bonne dans des institutions justes pour le bien du plus grand nombre et notamment des plus faibles, selon la définition de Paul Ricoeur) que collectives. Une morale individuelle, où chacun créerait ses propres normes avec cette croyance stupide, « c’est vrai par ce que je le pense », et « c’est nécessairement bon parce que ça me plaît », c’est la philosophie du sauvage, c’est la loi de la jungle, la loi du plus fort… Ce qui est plaisir pour l'un, peut être souffrance pour l'autre. Le principe de civilisation, c’est justement de passer d’un état de nature à un état de culture fondé sur des règles qui ne sont pas d’abord posées pour embêter les personnes et limiter leur liberté mais pour garantir à chacun l’exercice de ces libertés et permettre à tous de vivre en harmonie.

De même nous sommes nés dans un monde qui nous préexiste, avec son histoire, ses valeurs, une langue qui permet de communiquer, de se faire comprendre, d’exprimer ses idées, sa pensée, et dont on doit nécessairement respecter les règles au risque des malentendus, des incompréhensions et de l’isolement.

Un des fléaux de notre monde est le mauvais usage des réseaux sociaux où chacun se croit autorisé à dire tout et n’importe quoi, à croire la première information sans la vérifier, à surenchérir sur la moindre polémique, à chercher de vaines glorioles de succès éphémères et pire à insulter, pourrir la vie des autres... Et ceci n'est pas le propre des jeunes.

Il est possible  de faire des réseaux sociaux un espace d’intelligence collective, d’entraide, de respect  !

Face aux défis climatiques et démocratiques, l’urgence n'est-elle pas d'écouter nos jeunes, d’écouter leur désir de « bifurquer », de changer de modèle, tout en leur montrant qu’il ne faut pas céder à l’impatience. « Le tout, tout de suite sans suite » qui ne mène qu’aux frustrations, qu’aux désillusions et au découragement et de les accompagner dans ce changement qui doit se conduire dans un cadre démocratique et dans violence. Car, comme le rappelait la philosophe Simone Weil, on ne bascule pas dans un autre monde sans avoir patiemment observé quels sont les leviers à notre portée., c’est à dire de comprendre ce monde par intelligence humaine (notamment à travers des disciplines scolaires qui émanent de savoirs rationnels) avant de commencer à l’améliorer.

Encourageons chaque jeune à s'engager pleinement dans sa scolarité dans le but de faire de sa vie un petit chef d’œuvre quotidien de bonté, de camaraderie, d’entraide, d’apprentissage pour construire progressivement l’adulte qu'il sera  et qui prendra encore plus de responsabilité pour faire toujours mieux, et ce quel que soit son projet d’orientation ; faire du bon pain et bons croissants avec un CAP, soigner des malades comme infirmière ou médecin, construire des voitures et des avions moins polluants comme technicien ou ingénieur, transmettre des savoirs, des savoir-faire et des valeurs comme enseignant….

Bonne rentrée scolaire !